Habiter le monde, c'est se déplacer, voyager au gré des cultures et des rencontres. Mais voyager aujourd'hui, c'est aussi s'inscrire dans une logique d'un tourisme binaire façonné par une économie libérale, où les populations des pays les plus prospères se déplacent vers les moins développés. Derrière ces voyages, se dissimule une économie d’infrastructures luxueuses à bas prix, dont le coût véritable est souvent supporté par les populations locales exploitées. Ce nouvel exotisme occulte bien souvent la réalité géopolitique de ces pays.

C’est en 2020, après un long travail de terrain dans les Balkans, que son oeuvre prend un tournant décisif vers la documentation de guerre. Elle entreprend alors de démystifier la notion d’« après-guerre », révélant les enjeux sociaux, politiques et humains qui jalonnent la reconstruction d’un pays ravagé par le conflit. Pour l’artiste, les pratiques journalistiques traditionnelles, contraintes par les impératifs entrepreneuriales, ne rendent que trop faiblement compte de ces réalités. Elle appelle donc à l’exploration de nouveaux médiums, à la croisée des disciplines, où artistes, journalistes, historiens et sociologues conjuguent leurs regards pour mieux révéler la complexité de ces processus.

Enfin, c’est à travers la caméra et les mots d'une femme qu'elle donne voix aux autres. Ce sont des femmes, surtout, qui peuplent son travail, des femmes et leur manière singulière de vivre le monde. Ses œuvres retracent des vies, tissent des idées, et créent des ponts entre des existences diverses, révélant l’écho intime qui relie chaque être humain au monde qui l’entour.